To: "Liste: OQP Bulletin" From: OQP2001-Info Subject: Actions pour la liberte d'opinion et la paix Cc: Bcc: X-Attachments: Bulletin de la coalition rŽgionale OpŽration QuŽbec Printemps 2001 (OQP2001) Vol.2, No.39 Mardi le 10 dŽcembre 2002. GRILLE-CALENDRIER Vous pouvez retrouver toutes les activitŽs citoyennes de QuŽbec sous une forme visuelle et facile ˆ consulter sur notre site: http://www.oqp2001.org/fr/bulletin/grille-calendrier.html :::::: SOMMAIRE i) Mardi 10 dŽc. - ConfŽrence de la Ligue des droits et libertŽs: "Tous fichŽs et surveillŽs: le prix de la sŽcuritŽ?" ii) Jeudi 12 dŽc. - ConfŽrence : Contre la criminalisation des mouvements sociaux au Canada iii) Mardi 17 dŽc. - Action de la Coalition QuŽbec-Irak en solidaritŽ avec les peuples de l'Irak : " Le tas de mort... " iv) Mardi 17 dŽc. - RŽunion des Coalitions QuŽbec-Irak et de la QuŽbec-Palestine v) Deux trs bons articles de Pierre Beaudet, directeur d'Alternatives. Le premier, ''L'opposition irakienne prise au pige'', porte sur la situation rŽelle des peuples de l'Irak et le deuxime, "Qui combat la violence au Moyen-Orient?", aborde le dŽsespoir, l'indiffŽrence, mais aussi la solidaritŽ en lien surtout avec la crise en Palestine. AUSSI: Sur les Žcrans du CinŽma Le Clap, deux films qui abordent la Palestine: "Chronique de Palestine" et "Intervention divine" ***************************************************************** I :: ConfŽrence de la Ligue des droits et libertŽs: :::::: " Tous fichŽs et surveillŽs: le prix de la sŽcuritŽ? " :::::: Mardi 10 dŽcembre, 19h :::::: CafŽ des arts (870, rue Salaberry) Tous fichŽs et surveillŽs: le prix de la sŽcuritŽ? Ë l'occasion de la JournŽe internationale des droits de la personne, la Ligue des droits et libertŽs prŽsente la confŽrence "Tous fichŽs et surveillŽs: le prix de la sŽcuritŽ?", avec Mme Lucie Lemonde, professeure de science juridique ˆ l'UQAM et responsable du ComitŽ de surveillance des libertŽs civiles de la Ligue; et M. Jacques Tousignant, vice-prŽsident de la Ligue des droits et libertŽsÊ section QuŽbec. Mardi 10 dŽcembre, ˆ 19h, au CafŽ des arts (870, rue Salaberry) Depuis le 11 septembre 2001, le Canada a adoptŽ plusieurs mesures de sŽcuritŽ, dont la loi antiterroriste (C-36), le mŽga-fichier sur les voyageurs internationaux et dŽsire adopter des mesures concernant le cyber-terrorisme. Quelles sont les consŽquences sur la protection de nos droits et libertŽs? Mme Lemonde nous entretiendra Žgalement de la surveillance des libertŽs civiles lors de manifestations et des engagements de la Ligue des droits et libertŽs ˆ ce propos. Il sera question notamment du droit de manifester. Contribution volontaire (2$ suggŽrŽ) Pour information ou rŽservation: (418) 522-4506 ligue//arobas//bellnet.ca --- II : ConfŽrence : Contre la criminalisation des mouvements sociaux au Canada :::::: Jeudi 12 dŽcembre ˆ 19h30 :::::: Centre communautaire St-Roch (230 rue Dupont). Avec : GaŽtan HŽroux, de la Coalition ontarienne contre la pauvretŽ (OCAP) Jaggi Singh, de la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) Patrick Bacon, militant autonome de la rŽgion de QuŽbec. Contribution volontaire : 2$ Information : 522-0454 Une invitation conjointe du BAIL et du ComitŽ populaire Saint-Jean-Baptiste Les libertŽs civiles en procs LĠOCAP, la coalition ontarienne contre la pauvretŽ, sollicite votre appui alors que le droit des mouvements sociaux dĠorganiser des manifestations de nature politique sera mis ˆ lĠŽpreuve ˆ compter de janvier prochain. Trois membres de lĠOCAP, John Clarke, GaŽtan HŽroux et Stefan Pilipa, feront face ˆ la justice ˆ compter du 13 janvier 2003, accusŽs dĠavoir "participŽ ˆ une Žmeute", "dĠincitation ˆ lĠŽmeute" et "dĠincitation ˆ attaquer les forces de lĠordre". Ces accusations draconiennes surviennent suite ˆ leur participation ˆ la manifestation anti-pauvretŽ du 15 juin 2000 devant QueenĠs Park, le parlement ontarien. Chacune des accusations impliquent une peine dĠemprisonnement pouvant aller de deux ˆ cinq de prison. Ces accusations, par leur sŽvŽritŽ, menacent nos droits civiques et politiques ainsi que notre libertŽ dĠassociation. CĠest pourquoi nous sollicitons votre appui. LĠenjeu est de taille : la criminalisation Žventuelle de lĠOCAP et de ses membres crŽerait un dangereux prŽcŽdent juridique, qui ˆ long terme menace tous les acteurs sociaux qui osent confronter ouvertement les gouvernements et les entreprises qui ne se gnent plus pour bafouer nos droits et libertŽs les plus ŽlŽmentaires. On ne peut rester indiffŽrent devant un tel danger. On se doit de rŽpondre par la solidaritŽ, car ce sont tous les mouvements sociaux qui sont visŽs par la rŽpression. CĠest pourquoi nous nous joignons ˆ la campagne de dŽfense juridique de lĠOCAP. Nous vous invitons ˆ faire de mme. Le 15 juin 2000, lĠOCAP a ŽtŽ ˆ la tte dĠune manifestation rŽunissant plus de 1500 personnes qui ont marchŽ sur QueenĠs Park pour signifier leur opposition aux coupures dans les programmes sociaux, qui se sont intensifiŽes de faon drastique sous le Gouvernement conservateur de Mike Harris. Parmi les manifestantEs, une dŽlŽgation de sans-abris demandait le droit de sĠadresser directement aux membres de la lŽgislature ontarienne afin de dŽnoncer le manque criant de logements sociaux. Plut™t que dĠessayer de trouver un terrain dĠentente, le gouvernement a rŽpondu de manire arrogante et intransigeante, prŽfŽrant envoyer la police anti-Žmeute, qui attaqua la foule afin de la disperser. Par la suite, la police dŽposa des centaines dĠaccusations contre 45 personnes, pour leur implication dans la manifestation. Une campagne de rŽpression dirigŽe contre lĠOCAP allait suivre. Prendre la rue afin de dŽnoncer les politiques anti-sociales de ce mme gouvernement allait tre de plus en plus hasardeux pour les militantEs de lĠOCAP. La dŽposition dĠinnombrables chefs dĠaccusation au niveau criminel est devenue lĠune des principales stratŽgies des autoritŽs et des services policiers afin dĠŽcraser la dissidence. Nous avons pu observer cette tactique lors des manifestations de Seattle en 1999 ˆ lĠoccasion de la rencontre ministŽrielle de lĠOMC; plus prs de chez nous, en 2001 ˆ QuŽbec, lors du Sommet des AmŽriques; contre les militantEs autonomes qui ont organisŽ des occupations dĠŽdifices abandonnŽs pour protester contre le laisser-faire des autoritŽs en ce qui concerne la crise du logement, tant ˆ MontrŽal, ˆ Toronto, ˆ Vancouver quĠˆ QuŽbec; ou plus rŽcemment lors du Sommet mondial pour le dŽveloppement durable de Johannesburg, qui fut Žgalement le thމtre dĠarrestations de masse. En imposant des amendes et des peines dĠemprisonnement aux mouvements progressistes, en obligeant les militantEs ˆ sĠengager dans une bataille juridique, trs exigeante sur le plan personnel, les gouvernements et les services policiers imposent une "taxe ˆ lĠactivisme", qui ne vise quĠˆ dŽnigrer les luttes pour la justice sociale. Ë ce jour, les trois-quarts des chefs dĠaccusations dŽposŽs aprs les ŽvŽnements du 15 juin 2000 ont ŽtŽ retirŽs ou simplement abandonnŽs, un bon exemple de ce quĠune campagne de dŽfense juridique bien organisŽe peut faire afin dĠexposer lĠinjustice. Toutefois, le procs ˆ venir reprŽsente une autre Žtape dans la lutte contre la rŽpression des mouvements sociaux. Et celle-ci, se doit dĠtre gagnŽe. On ne peut tolŽrer que les droits civiques de tous et de toutes soient ainsi menacŽs, pas plus quĠon puisse accepter que ceux et celles qui sĠopposent ˆ la pauvretŽ et ˆ lĠinjustice ne soient criminalisŽs. Le procs de janvier des trois membres de lĠOCAP sera un test crucial dans notre aptitude ˆ dŽvelopper une campagne dĠautodŽfense juridique efficace. Qui plus est, les accusŽs esprent prouver au jury que cĠest la police qui a provoquŽ lĠŽmeute, prŽfŽrant la provocation ˆ la conciliation. Le procs de ces trois personnes sera une occasion unique dĠinfliger une dŽfaite aux gouvernements de droite. Nous appelons tous ceux et celles qui ont ˆ cÏur la justice sociale et le respect intŽgral de nos droits politiques, ˆ se joindre ˆ la campagne de dŽfense des arrtŽEs de QueenĠs Park, ˆ signer la pŽtition, ˆ participer ˆ des marches, ˆ des confŽrences de presse. Il importe dĠtre solidaires de tous ceux et celles qui font face ˆ des peines dĠemprisonnement pour avoir osŽ dŽfier les politiques anti-sociales des diffŽrents paliers de gouvernements, ici comme ailleurs. En mettant de la pression sur les autoritŽs concernŽes, on peut parvenir ˆ les faire acquitter, ce qui sera une victoire pour la justice sociale. Pour gagner, il faut rŽsister! Vous pouvez envoyer votre appui ˆ lĠOCAP via leur site web ou par courriel aux adresses suivantes : Site web : http : //www.ocap.ca/police_riot.html Courriel : ocap//arobas//tao.ca TŽl : (416) 925-6939 Fax : (416) 925-9681 O bien vos dons peuvent tre envoyŽs ˆ lĠadresse suivante : OCAP, 517 College Street, unit 234, Toronto, Ontario, M6G 4A2 --- Une brve histoire de lĠOCAP QuĠest-ce que lĠOCAP? LĠOCAP est une coalition anti-pauvretŽ qui a pris racine ˆ Toronto ˆ la fin des annŽes 1980, alors que sĠamorait la rŽforme de lĠƒtat-providence, en Ontario comme ailleurs. Ds la crŽation de lĠorganisation, les militantEs se sont engagŽs dans la lutte contre lĠexclusion sociale, cherchant ˆ mobiliser et ˆ rŽunir les pauvres, les sans-abris, les ch™meurs, les immigrantEs et toute autre personne ciblŽe par les nombreuses formes de discrimination qui caractŽrisent la sociŽtŽ capitaliste. Afin de redonner une certaine forme de pouvoir aux laissŽs pour compte de la sociŽtŽ, lĠOCAP a dŽveloppŽ au fil des annŽes le "direct action Casework", une mŽthode consistant ˆ confronter directement les responsables de ces injustices, et ce ˆ diffŽrentes Žchelles. La coalition offre ainsi un appui direct ˆ ceux et celles qui sont ŽvincŽes de leur logement; ˆ ceux et celles qui font face ˆ la dŽportation dans leur pays dĠorigine, ce qui dans bien des cas conduit ces personnes tout droit ˆ la prison, les soumettent ˆ la torture, et pour certaines, les mnent ˆ la mort; ou encore ˆ ceux et celles ˆ qui lĠon coupe les prestations dĠaide sociale et qui sont soumises au "workfare". La coalition a rŽussi ˆ rŽunir nombre de ces personnes et ˆ entrepris de rendre visite aux diffŽrents ministres, dŽpartements, entreprises, h™tels de ville, etc., bref, lˆ o sont dŽcidŽes et planifiŽes les politiques qui visent ˆ supprimer nos droits et libertŽs. Au fil des ans, lĠOCAP a participŽ activement ˆ la crŽation dĠun mouvement social qui a ŽtŽ en mesure de remporter des victoires en menant des actions collectives qui ont provoquŽ des crises politiques pour ceux et celles qui sont au pouvoir, les obligeant ˆ rŽviser bon nombre de dŽcisions. LĠOCAP a Žgalement menŽ des actions plus larges, notamment lors de la marche du 15 juin 2000, et participa activement ˆ la mobilisation populaire en vue du Sommet des AmŽriques, qui sĠest tenu ici, ˆ QuŽbec en avril 2001. MalgrŽ les tentatives rŽpŽtŽes des politiciens de discrŽditer lĠorganisation, et ce avec lĠaide des mŽdias corporatistes, lĠOCAP bŽnŽficia de lĠappui et de la sympathie dĠun nombre grandissant. Si la ville de Toronto est aujourdĠhui synonyme de richesse et de dynamisme au niveau Žconomique, elle est Žgalement le lieu dĠune pauvretŽ grandissante. CĠest dans ce contexte que lĠOCAP appela les diffŽrents mouvements sociaux et syndicaux de lĠOntario ˆ se joindre ˆ une campagne de perturbation Žconomique, visant ˆ exposer les riches et les gouvernants aux problmes sociaux et urbains. Le front commun dĠOntario fut alors crŽŽ. Le 16 octobre 2001, syndicats, membres des Premires nations, associations Žtudiantes et organisations militantes participrent ˆ une marche rŽunissant plusieurs milliers de personnes dans le quartier financier de Toronto, perturbant ainsi le cÏur Žconomique du pays. Le lendemain, le Premier ministre de lĠOntario, Mike Harris, annonait publiquement sa dŽmission. Aprs plus de dix annŽes dĠintenses luttes, lĠOCAP a dŽmontrŽ quĠun mouvement organisŽ peut secouer ceux et celles qui sont au pouvoir, contribuant ainsi au changement social. LĠOCAP se bat pour gagner et fait partie dĠune force grandissante dans la sociŽtŽ qui sĠorganise ˆ cette fin. --- III : Action de la Coalition QuŽbec-Irak en solidaritŽ avec les peuples de l'Irak: :::::: " Le tas de mort... " :::::: Mardi 17 dŽcembre, 7h15 (AM) :::::: Ascenseur du Faubourg, c™te d'Abraham :::::: Info: SŽbastien Bouchard: sbouchard//arobas//alternatives.ca 521-4000 Action pour exprimer notre opposition au massacre Žventuel de milliers de personnes civiles en Irak sous des bombes britanniques, Žtatsuniennes et, malheureusement, peut-tre avec l'appui du Canada... Cette action amorce le dŽbut d'une campagne dynamique, de plusieurs actions, qui culminera vers une marche *international* pour la paix le 18 janvier! Ces actions ont comme objectif d'exprimer notre opposition totale au plan d'invasion de l'Administration Bush, et surtout de faire pression sur le gouvernement du Canada, AVANT que celle-ci ait lieu. Il s'agit d'une action originale qui portera, selon nous, un message clair et frappant. Pour exprimer votre opposition avec nous (et donc pour en savoir plus), contactez le coordonnateur ou inscrivez-vous ˆ notre bulletin-courriel d'information (voir ci-dessous). Par ailleurs, nous invitions tou-tes les QuŽbŽcois-es ˆ afficher leur position contre ce plan Žtatsunien d'attaque et d'invasion en plaant ˆ leur fentre une banderole blanche pour la vie et la paix. Il s'agit tout simplement de placer une banderole blanche ˆ votre fentre (vous pouvez toujours Žcrire un message dessus si dŽsirŽ). --- IV : RŽunion des Coalitions QuŽbec-Irak et de la QuŽbec-Palestine. :::::: Mardi 17 dŽcembre, 18h30 :::::: 266 St-Vallier Ou. (locaux d'Alternatives) :::::: Info: SŽbastien Bouchard: sbouchard//arobas//alternatives.ca 521-4000 Pour tre informŽ des actions et activitŽs qui auront lieu bient™t pour exprimer notre opposition tant au plan d'agression contraire ˆ la volontŽ de la sociŽtŽ irakienne et ˆ l'occupation illŽgale et raciste de la Palestine, et donc pour pouvoir participer ˆ cette opposition citoyenne... inscrivez-vous ˆ la liste-courriel d'information de ces coalitions (ce ne sont PAS nos listes de discussion ;o) Pour ce faire, il existe de options simples Option I: Envoyer simplement un courriel vide ˆ l'adresse d'inscription automatisŽe: QuŽbec-Irak: quebec_irak-subscribe//arobas//yahoogroupes.fr QuŽbec-Palestine: quebec_palestine_hebdo -subscribe//arobas//yahoogroupes.fr Option II: Inscrire votre courriel dans les cases automatisŽes sur Internet: Visitez simplement notre site: http://coalitionsquebec.org/ --- *** Les activitŽs citoyennes de QuŽbec dŽjˆ annoncŽes auparavant sont sur le site: http://www.oqp2001.org/fr/bulletin/bulletin.htm ***************************************************************** V :::::: Deux trs bons articles de Pierre Beaudet, directeur d'Alternatives. Le premier, ''L'opposition irakienne prise au pige'', porte sur la situation rŽelle des peuples de l'Irak et le deuxime, "Qui combat la violence au Moyen-Orient?", aborde le dŽsespoir, l'indiffŽrence, mais aussi la solidaritŽ en lien surtout avec la crise en Palestine. - L'opposition irakienne prise au pige lundi 2 dŽcembre 2002, par Pierre BEAUDET La population irakienne retient son souffle, coincŽe entre la menace d'une intervention militaire et l'emprise du rŽgime dictatorial de Saddam. L'opposition irakienne ne veut ni de Saddam ni de la guerre de Bush, et appelle ˆ un mouvement de solidaritŽ internationale. Selon Raid Fahmi, dissident irakien rŽsidant ˆ Paris et rŽdacteur en chef de la revue Al Thakafa Al Jadida (La nouvelle culture), de passage ˆ MontrŽal rŽcemment, "90 % des Irakiens sont opposŽs ˆ Saddam". Chaque famille a vu au moins un de ses membre se faire tuer ou torturer par le terrible appareil de sŽcuritŽ du dictateur irakien. "Mme si beaucoup de dŽtestent les ƒtats-Unis pour les malheurs qu'ils ont imposŽs ˆ l'Irak par les bombardements et l'embargo, la plupart des Irakiens bl‰ment Saddam pour avoir menŽ le pays dans le trou noir o ils se trouvent prŽsentement", prŽcise le rŽdacteur. Si l'opposition contre Saddam est massive, la capacitŽ rŽelle de rŽsistance est beaucoup plus faible, mise ˆ part les Kurdes (15 % de la population) qui ont installŽ dans le Nord du pays une zone de protection hors de l'emprise de Saddam, gr‰ce en partie au contr™le aŽrien exercŽ par les ƒtats-Unis (la politique du No fly zone). Mais mme les partis kurdes sont hŽsitants. Le PDK de Masoud Barzani, qui contr™le une grande partie du Kurdistan irakien, est fortement courtisŽ par les ƒtats-Unis qui lui promettent de protŽger l'autonomie chrement acquise. Mais en jouant un jeu qui rappelle celui des forces de l'Alliance du Nord (coalition d'opposition aux Talibans en Afghanistan), les Kurdes pourraient perdre gros. Dictature pour dictature D'une part, ils pourraient appara”tre aux yeux de la majoritŽ des Irakiens comme une force d'occupation manipulŽe par les ƒtats-Unis. D'autre part, ils pourraient tre "l‰chŽs" par Washington au profit d'une nouvelle dictature ˆ Bagdad, qui tenterait de rŽgler le problme de Saddam en le remplaant par une dictature "plus intelligente". Pour le moment donc, le camp kurde tergiverse, n'ose pas se prononcer clairement contre la guerre, mais de toute Žvidence, ne veut pas y participer. Ë c™tŽ des Kurdes, l'opposition organisŽe est surtout le fait des partis islamistes, dont le Parti Al-Da'wa, et d'une coalition de plus petits groupes portant le nom de l'AssemblŽe suprme de la rŽvolution islamique. ComposŽs majoritairement de chiites (60 % de la population), ces partis ont subi les cožts de la terrible rŽpression de 1991, approuvŽe implicitement par Georges Bush pre. Ils n'ont donc aucune affinitŽ avec les ƒtats-Unis, d'autant plus qu'ils sont fortement appuyŽs (et en partie contr™lŽs) par l'Iran. Par contre, depuis quelque temps, les islamistes sont courtisŽs par Washington qui fait Žgalement pression sur TŽhŽran. En menaant l'Iran d'tre la prochaine cible, les ƒtats-Unis veulent forcer ce pays ˆ approuver, tacitement du moins, le renversement de Saddam. Les islamistes irakiens comme les Iraniens sont donc sur la sellette : s'ils embarquent avec les AmŽricains, cela pourrait tre un coup fatal, car une fois l'hŽgŽmonie amŽricaine rŽtablie en Irak, il sera difficile d'Žviter une totale subordination. Si, au contraire, ils se distancient des ƒtats-Unis (sans nŽcessairement appuyer Saddam), ils risquent d'tre totalement exclus de la donne dans une Irak "post-Saddam". D'un c™tŽ comme de l'autre, le choix est peu reluisant. Ë l'extŽrieur des formations kurdes et islamistes subsiste toutefois un camp dŽmocratique et de gauche, dont le Parti communiste irakien (PCI), qui dispose dans ce pays d'un enracinement important. Il est le seul grand parti ˆ s'opposer explicitement ˆ la guerre amŽricaine. Toujours, selon Raid Fahmi, la gauche irakienne souhaite l'Žlimination de Saddam, mais pour que le pays recouvre sa souverainetŽ. Ce qui explique qu'elle ne fasse pas partie de la stratŽgie amŽricaine. "Les ƒtats-Unis ne veulent pas d'une vŽritable dŽmocratisation de l'Irak et c'est pour cela qu'ils essaient d'instrumen-taliser l'opposition, affirme le rŽdacteur en chef. Pire encore, Washington n'a aucun souci pour la population, comme on a pu le voir ˆ la lumire des centaines de milliers d'enfants morts ou handicapŽs par les effets combinŽs de la guerre et de l'embargo." De plus, toute l'attention est prŽsentement concentrŽe sur la question de l'armement du rŽgime irakien, alors que "de nombreuses autres rŽsolutions de l'ONU - notamment la rŽsolution 688 qui condamne la rŽpression contre les populations civiles irakiennes et promet d'assurer le respect des droits de l'homme - restent lettre morte". M. Fahmi explique que le PCI ainsi que d'autres formations irakiennes et kurdes esprent donc regrouper l'opposition dans une lutte de libŽration "menŽe par les Irakiens eux-mmes". C'est un projet de longue haleine et il n'est pas sžr que cette option soit en mesure de rŽsister au rouleau compresseur amŽricain. Un dŽfi pour le mouvement de solidaritŽ ƒchec stratŽgique ou partie remise pour les ƒtats-Unis, le report de la guerre entra”nŽe par l'adoption de la rŽsolution 1441 de l'ONU reprŽsente une victoire partielle pour le mouvement de solidaritŽ internationale. Reste ˆ voir la suite des ŽvŽnements. Pour le moment, la majoritŽ des gens, que ce soit au Moyen-Orient ou dans les pays occidentaux, sont contre le bellicisme amŽricain. Car il ne fait aucun doute que la guerre promise par Washington serait un dŽsastre pour l'Irak, mais Žgalement pour l'ensemble de la rŽgion. Par ailleurs, la rŽsistance contre le plan amŽricain doit faire face ˆ un grand dŽfi. Selon Raid Fahmi, il est erronŽ de dire, comme on l'entend dans certaines composantes du mouvement anti-guerre, que "la question du rŽgime de Saddam appartient au seul peuple irakien et que le mouvement n'a pas ˆ exprimer une opinion ˆ ce propos". Le peuple irakien, pris entre le fer et l'enclume, a besoin d'appui. "Le mouvement de solidaritŽ doit tre clairement contre la guerre impŽrialiste, mais aussi, y compris dans les pays impŽrialistes, contre la dictature et pour la dŽmocratie en Irak. [...] Il faut dŽvelopper toutes les actions possibles pour empcher cette guerre, mais paralllement, il faut aussi dŽvelopper toute forme de solidaritŽ, afin de renforcer les capacitŽs de ce peuple ˆ rŽsister ˆ la dictature et ˆ intervenir dans les ŽvŽnements qui vont dŽterminer son futur." Pierre Beaudet, directeur d'Alternatives. --- MOYEN-ORIENT - Qui combat la violence au Moyen-Orient ? samedi 30 novembre 2002, par Pierre BEAUDET Presque chaque jour qui passe amne son nouveau lot de tueries et d'attaques contre des personnes de toutes les origines au Moyen-Orient. Au point o beaucoup de gens adopte une attitude presque fataliste, cynique, "ces gens se battront encore dans 2000 ans" dit-on souvent. Certes il est dŽcourageant de constater comment sont niŽs les espoirs de paix portŽs par ce qui est encore la majoritŽ des peuples dans cette rŽgion du monde. Mais cela ne se justifie pas vraiment. Aprs tout, des pays qu'on disait "condamnŽs" ˆ se faire la guerre comme la France et l'Allemagne ont fini par s'entendre sur l'essentiel. Des populations dŽchirŽes comme la majoritŽ noire et la minoritŽ blanche en Afrique du Sud ont fini par accepter un compromis acceptable. Aucune logique "essentialiste" ou "culturaliste" ne permet de comprendre vraiment les causes multiples et complexes des conflits en cours. La violence du dŽsespoir De plus en plus se dŽveloppe une violence qu'on pourrait appeler la violence du dŽsespoir, et qui vient de populations ou de secteurs de la population qui se sentent totalement dŽlaissŽs, dans un trou noir. Il faut comprendre par exemple (ce qui n'est pas justifier) la psychologie d'un jeune rŽfugiŽ ˆ Gaza, terre ingrate s'il en est une. Tout est bouchŽ, bouclŽ, ŽcrasŽ, face ˆ une occupation cruelle qui n'en finit plus, face ˆ une administration corrompue, face ˆ une sociŽtŽ israŽlienne qui rve de - ce sont les mots de plusieurs leaders israŽliens- de "jeter Gaza ˆ la mer". Chaque jour, cette gŽnŽration sans avenir est une proie facile pour les dŽmagogues et les fanatiques qui portent, sans nul doute, une grande responsabilitŽ dans la tragŽdie actuelle. Il y a quelques mois, dans l'indiffŽrence ˆ peu prs gŽnŽrale, des intellectuels palestiniens ont dŽnoncŽ les attentats-suicide perpŽtrŽs par de jeunes kamikazes tŽlŽguidŽs par des organisations aussi peu sympathiques que Hamas ou le Jihad. En plus de risquer leur vie parce qu'ils osaient critiquer ces mouvements violents, ces intellectuels ont ŽtŽ doublement pŽnalisŽs puisque dans une large mesure, leur appel n'a pas ŽtŽ entendu. La plupart des mŽdias occidentaux et certains gouvernements continuent en effet de mettre tous les Palestiniens dans le mme sac. Certes comme le rappelaient ces intellectuels palestiniens, rien ne sert de chasser les terroristes, qui continueront de se reproduire inexorablement dans les camps de rŽfugiŽs et les bidonvilles du Moyen-Orient. Il faut plut™t chercher, expliquaient-ils ˆ trouver des solutions rŽelles aux problmes, ˆ commencer par remettre le processus de paix sur ses rails. Quand les victimes deviennent des bourreaux Le terrorisme qui frappe des victimes israŽliennes est le miroir de la violence systŽmique qui affecte les populations palestiniennes. Le nombre des victimes directes est lˆ pour le prouver, comme ces malheureux et ces malheureuses qui ont la malchance de recevoir des obus et des missiles. Quand ce ne sont pas de jeunes enfants, "coupables" d'avoir lancŽ des pierres. Ë cette violence directe s'ajoute celle, plus insidieuse parce que plus ignorŽe, de la destruction des maisons, des propriŽtŽs, des arbres, des moyens de production, ce qui relgue toute une population dans la misre. Bien des IsraŽliens pensent, avec raison, que ce sont les blindŽs et les missiles "made in Israel" qui fabriquent des kamikazes. RŽinventer le dialogue, estiment-ils, est non seulement une urgence politique mais un impŽratif moral car sans cela, les victimes devenus bourreaux dŽvoreront leur propre sociŽtŽ. Le confort et l'indiffŽrence Au-delˆ des affrontements directs qui passent parfois sur nos Žcrans, il y a un autre trou noir. Depuis longtemps, le monde sait ce qui se passe en Palestine et en Israel. Le drame ne date pas d'hier, il est dŽcortiquŽ, analysŽ, retournŽ dans tous ses sens et de faon gŽnŽrale, il y a un grand consensus sur ce qui pourrait tre une solution, un accommodement, un compromis acceptable. Les Palestiniens, et maintenant la grande majoritŽ des ƒtats arabes, sont prts ˆ coexister avec Israel, s'ils obtiennent leur ƒtat sur les territoires occupŽs depuis 1967, et qui constituent moins de 30 % de la Palestine historique. Ceci, il va sans dire, doit s'accompagner du dŽmantlement des colonies de peuplement, illŽgales selon la loi internationale. Cette normalisation pourrait se faire, en dŽpit des oppositions, des extrŽmismes (des deux c™tŽs), des haines accumulŽes. Cela ne serait pas parfait, mais constituerait un premier pas. Mais pour ce faire, il faut que les gros joueurs externes, soient de la partie. Or ceux-ci, pour des raisons diverses, ne veulent pas en tre. Les ƒtats-Unis manipulent le conflit pour maintenir la rŽgion en Žtat d'alerte. L'Union europŽenne, comme dans beaucoup de situations semblables, n'est pas prte ˆ mettre ses culottes. On pleure, on chiale, on passe des rŽsolutions ˆ l'ONU (la plupart du temps sans effet), mais la dite communautŽ internationale ne veut pas assumer sa part de responsabilitŽs et placer les joueurs locaux, qui ne sont pas marionnettes certes, au pied du mur, comme on l'avait fait (avec beaucoup de retard) dans le cas de l'apartheid en Afrique du Sud. Au bout de la ligne dans le mme camp de rŽfugiŽ ˆ Gaza, le jeune dŽsespŽrŽ qui Žcoute aussi CNN conclut que le seul moyen de briser ce mur du silence est de faire tout sauter. Don Quichotte court encore Mustapha Barghouti, un des leaders du mouvement populaire palestinien, est un de ceux qui s'enttent, qui rŽsistent, qui condamnent la violence y compris du c™tŽ palestinien, qui continuent le dialogue avec des interlocuteurs pacifistes israŽliens, comme Michel Warshavsky notamment. Dans les milieux bien pensants israŽliens et palestiniens, on rit d'eux, on les dŽnigre et parfois mme, on les menace et on les frappe. Ces Don Quichotte sont-ils des centaines ou sont-ils des milliers ? C'est difficile ˆ dire. La plupart des mŽdias, ˆ l'exception de la cha”ne Al-Jazira, les ignorent. Comme d'autres avant eux, ils se battent pour les droits des plus faibles, ce qui veut dire pour les Palestiniens, sans jamais compromiser sur la nŽcessitŽ de coexistence pacifique avec un ƒtat qui, on oublie souvent de le dire, compte plus de 20 % de citoyens arabes palestiniens. Dans les jeunes gŽnŽrations, il n'y a pas seulement des dŽsespŽrŽs. Ë Beit Sahour, une petite communautŽ durement affectŽe par l'armŽe israŽlienne ces derniers temps, de jeunes Palestiniens continuent de prendre d'Žnormes risques en maintenant des liens avec des jeunes de l'autre c™tŽ qui, il n'y a pas si longtemps avant l'enfermement de la ville, venaient passer le week-end dans les familles. C'est lˆ que se fait la vraie bataille contre la violence et le terrorisme.