Communiqué de presse

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Communiqué de presse
Pour diffusion immédiate

Lancement public de la coalition Opération Québec Printemps 2001 (OQP 2001) :

Faire le bilan de 10 ans de libre-échange pour mieux s’opposer au projet de Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA)

(Québec, le 2 octobre 2000) – La tenue du Sommet des Amériques, à Québec en avril 2001, a fait couler beaucoup d’encre jusqu’à maintenant. Ce sont surtout les mesures de sécurité entourant la tenue de cet événement, bien plus que les enjeux posés par le projet de la future Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA), qui ont retenu l’attention. Pourtant, «les véritables enjeux des négociations devant mener à la création de la ZLÉA renvoient d’abord et avant tout à l’importance de réfléchir ensemble au projet de société que nous voulons, ce qui est de l’ordre des choix politiques et doit donc faire l’objet d’un débat public » selon Lisa Goodyer, l’une des porte-parole d’OQP 2001.

Comme il est souligné dans le document de consultation de l’Assemblée Nationale sur le projet de Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA), celui-ci est un «ALÉNA 2 » étant entendu que de nombreuses dispositions de l’ALÉNA vont au-delà de celles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Ainsi, «poser la question de la pertinence de la ZLÉA ne peut se faire sans tirer un bilan du libre-échange tel que vécu dans les dix dernières années, bilan qui n’est guère reluisant jusqu’à maintenant » a déclaré Stéphane Paquet, porte-parole de la coalition OQP 2001.

Concrètement, quel bilan pouvons-nous tirer du libre-échange qui a eu cours dans les Amériques pendant les années 90 ? Et bien, tout comme les parlementaires de la deuxième Conférence des parlementaires des Amériques (COPA) en juillet dernier, les membres d’OQP 2001 observent «le peu d’impacts positifs, sinon l’absence réelle d’impact sur la pauvreté et l’équité dans le monde, de la croissance économique et commerciale des dernières années ». Comme le souligne le président sortant de la COPA et aussi président de l’Assemblée nationale, Jean-Pierre Charbonneau, «en proportion autant qu’en chiffres réels, il y aujourd’hui plus de pauvres et moins d’équité un peu partout dans le monde, même là où la prospérité semble apparente ».

Le bilan serait-il différent pour le Québec et le Canada ? À en croire les gouvernements Bouchard et Chrétien il semble que ce soit le cas. Depuis l’Accord de libre-échange (ALÉ) de 1989, précurseur de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) de 1994, les exportations canadiennes, et particulièrement celles du Québec, ont connu une croissance fulgurante. « Nul doute donc que les Nortel Netwwork, Bombardier, Pratt et Whitney et autres multinationales aient été les grands gagnants de l’ère de libre-échange. Mais qu’en est-il des travailleurs et travailleuses, des sans-emploi, des étudiants et étudiantes, bref de l’immense majorité de la population ? », se demande Stéphane Paquet, de OQP 2001.

Depuis la signature de l’ALÉ, le coefficient d’inégalité sociale (coefficient Gini) du Canada aurait augmenté de 10% selon le Globe and Mail (17/06/00). Au Québec, dans la même période, le taux de faible revenu après impôt a augmenté de 15% selon Statistique Canada. Serait-ce uniquement un phénomène d’exclusion qui n’affecterait pas le travailleur ou la travailleuse moyenne ? Il semble bien que non. Toujours selon Statistique Canada, leurs gains moyens réels du travail stagnent depuis 20 ans au Canada, et au Québec, alors qu’entre 1950 et 1970 ils avaient augmenté de 90% ! C’est sans compter sur la détérioration de pans entiers de nos programmes sociaux et services publics durant la même période.

À l’échelle des Amériques, «plus de la moitié des 780 millions d’habitants souffrent gravement de la pauvreté, au point ou plusieurs sont encore incapables de satisfaire leurs besoins élémentaires en eau potable, en alimentation quotidienne, en santé et en éducation de base », selon les dires du président de l’Assemblée nationale, Jean-Pierre Charbonneau.

Finalement, au déficit social s’ajoute déficit démocratique, surtout quand l’expérience de l’ALÉNA démontre que dans de nombreux domaines, ce sont les mécanismes d’arbitrage qui dictent aux gouvernements concernés la conduite de leurs relations commerciales. On pense ici au chapitre 11 de l’ALÉNA concernant les dispositions relatives aux investissements qui a obligé, par exemple, le gouvernement canadien à compenser une compagnie américaine (Ethyl corporation) pour lui avoir imposé un règlement environnemental. Comment comprendre que ce droit des entreprises de poursuivre les gouvernements et qui a été si dénoncé à l’intérieur du défunt Accord multilatéral sur les investissements (AMI) ne semble faire l’objet d’aucune remise en question en Amérique du Nord ? Serions–nous des citoyens de seconde zone ?

Pour conclure, «il apparaît important de souligner que la lutte contre le projet de ZLÉA, et contre une mondialisation des marchés inéquitable, n’est pas une lutte de «minoritaires » ou de «nostalgiques », tel qu’on aime bien la présenter, mais bien un combat pour un autre projet de société plus égalitaire et démocratique », a tenu à dire Lisa Goodyer, ajoutant qu’à cet effet « l’Opération Québec Printemps 2001 considère le Sommet qui réunira à Québec 34 chefs d’État des Amériques comme un tremplin important pour rassembler le plus de gens possibles, et de partout, autour d’un grand objectif commun et qui s’insère dans le plus long terme : dénoncer le libre-échange mondial tel qu’il est mené présentement, de même que le caractère anti-démocratique de tels accords, et ce dans la mesure où la population n’est pas consultée, ni même informée convenablement des négociations en cours ».

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